04. Construction du centre universitaire expérimental de Vincennes


Milieu des années 1970, l’entrée du restaurant universitaire vue depuis la salle principale du département d’arts plastiques, C210. Photos © Jean-Louis Boissier

Le constructeur. Billet du 9 août 2013 (JLB)

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Paul Chaslin dans la vidéo Roman noir pour université rouge, 2008 (Voir : http://www.rvdv.net/vincennes/?page_id=53).
La disparition récente de Paul Chaslin, constructeur des bâtiments de Vincennes, grand militant de la culture populaire, a permis de rappeler son engagement et sa personnalité hors du commun : Paul Chaslin. Souvenirs d’un entrepreneur tout terrain, Les éditions du Linteau, 2013; « Paul Chaslin, entrepreneur, militant culturel », Le Monde, 24 janvier 2013.

Un article du Monde :

La Bretagne et la guerre, le militantisme éducatif, un engagement à gauche qui n’entravait jamais ses convictions ni son franc-parler ont forgé le caractère passionné de Paul Chaslin, ancien entrepreneur de construction, qui vient de mourir, le 18 janvier, à Binic (Côtes-d’Armor). Son parcours a été marqué par un double combat, mêlant action culturelle et innovation industrielle, une conjonction qu’il était moins rare de rencontrer dans les années 1960 qu’aujourd’hui.

Après le lycée à Saint-Brieuc, où naît son amitié de toute une vie avec l’écrivain Louis Guilloux (1899-1980), il est étudiant en math sup’ à Paris au lycée Louis-le-Grand, quand il décide, en 1943, de rejoindre la Résistance via l’Espagne. Arrêté, retenu plusieurs mois au camp de Miranda, il s’évade, avec d’autres, vers le Maroc. Rejoignant à Alger les Forces françaises libres, il participe au débarquement en Italie et à la campagne de France, en Alsace.

A la Libération, il entre à l’Ecole des travaux publics. A partir de 1947, jeune ingénieur, il est l’adjoint du directeur de chantier pour le barrage de Donzère-Mondragon (Vaucluse), à la Compagnie nationale du Rhône. En 1959, il crée sa propre entreprise, le bureau d’études GEEP-Industries, qui aura jusqu’à 1 300 employés, dont 200 ingénieurs, et fera travailler près de 4 000 personnes. Ce qui lui vaudra de grandes réussites, et un revers de carrière dramatique, quand il sera contraint, en 1971, de se résoudre au dépôt de bilan en raison d’engagements non tenus par l’Etat. Adoptant un procédé de Péchiney-Saint-Gobain pour la construction industrialisée en panneaux d’aluminium et de verre, Geep-Industries avait déjà réalisé plus de 150 collèges de grande qualité, quand, dans l’urgence de l’après-Mai 1968, le ministère de l’éducation, dirigé par Edgar Faure, lui demande d’édifier, en trois mois, l’université nouvelle de Vincennes. Pari tenu. Mais l’Etat accumule les dettes à l’égard de l’entreprise, jusqu’au tiers de son chiffre d’affaires, et les banquiers se désistent à l’été 1971.

En 1977, les articles du Monde sur le procès pour banqueroute du PDG, au tribunal de Paris, sont titrés notamment « Comment tuer une entreprise qui réussit ». Paul Chaslin est soutenu par de nombreuses personnalités, d’Antoine Pinay, ancien ministre des finances, à Michel Rocard ou Paul Delouvrier, alors président d’EDF. Le journaliste François Renard décrit un personnage habité par « la rage de convaincre », et l’émotion que crée la condamnation, y compris en appel, d’un entrepreneur victime des lenteurs de l’administration. Charismatique, Paul Chaslin a suscité une fidélité remarquable de la part des anciens de Geep-Industries, constitués en association, qui le soutiendront jusqu’à sa réhabilitation, dans les années 1980, puis la remise en 2008 de la croix de commandeur de la Légion d’honneur, lors d’une cérémonie présidée par Stéphane Hessel.

Engagé dans le scoutisme et les mouvements pour l’éducation populaire, Paul Chaslin a aussi présidé la Maison pour tous rue Mouffetard, à Paris 5e, créée en 1936, qui a pu être un modèle pour ce qu’il a lui-même promu : des équipements culturels intégrés, comprenant école et théâtres ou locaux sociaux, comme ceux qui a été réalisé à Istres (Bouches-du-Rhône) avec l’architecte Jean-Louis Véret, ou à Yerres (Essonne), avec Paul Chemetov.

Michèle Champenois

Dates clés. 7 février 1923 : naissance à Etables-sur-Mer (Côtes-d’Armor). 1959-1971 : à la tête de Geep-Industries. 18 janvier 2012 : mort à Binic (Côtes-d’Armor).

Vestiges. Billet du 1er février 2011 (JLB)

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Ce fauteuil Herman Miller dessiné par les Eames (modèle DAX.) avec coque en polyester armé de fibre de verre et assise en skaï, comme les chaises de même style, sont de rares vestiges de l’Université de Vincennes, construite au cours de l’été et de l’automne 1968. Ces exemplaires sont conservés, pour quelque temps encore, dans un laboratoire d’art de l’Université Paris 8. Le Centre universitaire expérimental de Vincennes fut moins pauvre, à son ouverture, qu’on pourrait l’imaginer. Les bâtiments étaient équipés du meilleur mobilier pour collectivités : Herman Miller, Knoll International, Mullca, etc. et bénéficiaient ainsi d’une ambiance moderne qui ne fut pas pour rien, en dépit d’idéologies qui semblaient négliger cet aspect des choses, dans l’esprit d’initiative et d’innovation qui animait la collectivité. Pour aller dans le même sens, il faut rappeler que l’inspiration pédagogique portée par l’un des fondateurs, Pierre Domergue, professeur d’anglo-américain, venait des États Unis. Voir l’article du Monde « Un rêve, deux facs ».

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Un court extrait de ce film où l’on voit la cafétéria de Vincennes et son mobilier, au début des années 70.