Affiche de 1979 au moment de la mise en cause de Vincennes par le ministère (atelier de sérigraphie d’Arts plastiques conduit par Rui Alberto).
Le département d’arts du Centre universitaire expérimental de Vincennes est créé initialement pour participer, avec plusieurs autres universités, à inclusion de la formation des enseignants d’arts plastiques et de musique dans le système universitaire, au même titre que d’autres disciplines. Mais le théâtre et le cinéma y sont aussi d’emblée présents à Vincennes. Au cours des années 70, les arts et la philosophie seront réunis dans la même Unité de formation et de recherche (UFR) et chaque discipline artistique disposera d’un département très autonome.
Le terme « arts plastiques » — comme « plasticiens » — s’était imposé dans les années 60 en se distinguant de « beaux-arts ». Il est cependant d’emblée dépassé par la diversité des approches, des pratiques et des projets. Jean Laude (1922-1984), grand historien d’art et ethnologue, est le premier responsable des arts mais il quitte Vincennes dès la fin de la première année. Frank Popper (1918-), critique d’art et théoricien de l’art cinétique, de la participation du spectateur, du « déclin de l’objet » devient alors directeur d’Arts plastiques, jusqu’en 1983 (J.-L.B. lui succède).
Dans ses premières années, le département d’arts plastiques n’a que très peu d’enseignants, un maître de conférences associé, quelques assistants et surtout des chargés de cours. Les cours ont la forme d’UV — unités de valeur —, ils sont destinés indistinctement à toutes les années de licence puis de maîtrise. La faculté de Vincennes affirme sa volonté de s’ouvrir aux étudiants non-bacheliers et aux étudiants salariés. Les étudiants étrangers y sont particulièrement nombreux. Les enseignants sont globalement jeunes ou très jeunes, souvent moins âgés que les étudiants. Les personnels administratifs sont relativement nombreux, très présents dans la définition des programmes et des orientations pédagogiques et très directement engagés dans l’édification d’une université de type nouveau, souvent annoncée comme « révolutionnaire ».
Les positions de principe affirmées sont l’articulation pratique et théorie, l’interdisciplinarité. L’histoire de l’art, qui était précédemment et dans les universités classiques la discipline majeure ne figure que marginalement mais elle est incluse dans nombre de cours. La notion de « sciences de l’art » vient recouvrir les diverses approches théoriques et expérimentales et s’associe à l’esthétique, elle aussi assez largement renouvelée. La plupart des enseignements, dans la première moitié des années 70 au moins, affirment leur implication sociale, politique et idéologique, la faculté de Vincennes étant très fortement marquée par les idées politiques issues de mai 1968.
Colloque sur la créativité avec Joël Stein, Frank Popper, Pierre Baqué, Élodie Vitale, Jacques-Adelin Brutaru, 1980. Dispositif : très grand écran, projecteur de diapositive Kodak Carrousel, chaises Mulca, fauteuils Eames. Dans l’amphithéâtre : Liliane Terrier, Maria Ivens.
Photos © Jean-Louis Boissier]]>