Exemple pour le Workshop Doshisha : Rose

IMG_6012
IMG_6013
IMG_6014
IMG_6015
IMG_6016

IMG_6054
IMG_6055
IMG_6056
IMG_6057
IMG_6058
IMG_6059
IMG_6060

IMG_5959
IMG_5960
IMG_5961
IMG_5962
IMG_5963

Exemple pour le Workshop Doshisha : Rouge

IMG_5671
IMG_5670
IMG_5669
IMG_5668
IMG_5667

IMG_5648
IMG_5647
IMG_5646
IMG_5645
IMG_5644
IMG_5643
IMG_5642

IMG_5613
IMG_5612
IMG_5611
IMG_5610
IMG_5609

Diverses pistes

light1s
light2s
light3s

Une thèse (Centre for Cultural Studies of Goldsmiths, in London.) sur les haikus visuels (exemple ci-dessus) :
http://www.interactivedocumentary.net/phd-blog/visual-haiku/

Un concours en Bretagne pour des haikus sur Twitter (2013) :
http://twithaiku.lacantine-rennes.net
http://twithaiku.lacantine-rennes.net/wp-content/uploads/2012/11/guide-twithaiku-2013.pdf

Le haïku

Le haïku, terme popularisé par Shiki (1867-1902), est une forme classique de la poésie japonaise dont la paternité est attribuée à Bashō (1644-1694). Depuis plus de trois siècles, le haïku, ainsi que le autres formes poétiques d’origine japonaise, s’est développé au Japon puis en Occident. Sur l’origine du haiku, on peut lire : Philippe Forest, « Sentir la douleur, voir la beauté. Masoka Shiki (1867-1902) », in Haikus, etc., Éditions Cécile Defaut, Nantes, 2008, p. 27; pp. 81-97
Note : 俳句, haiku en transcription romanisée, s’orthographie aussi haïku pour en souligner la prononciation. Écouter : http://www.rvdv.net/haikus/wp-mp3/haiku.mp3

Bashō met un terme à ce conflit en élevant le haïkaï au rang de véritable poème. Une grande importance est accordée à la première strophe du haïkaï, dénommée hokku. Elle doit obligatoirement suggérer la saison dans laquelle la réunion poétique est organisée. au contraire des autres strophes du haïkaï, toutes liées à la précédente, le hokku possède une existence propre. c’est pourquoi les poètes ont commencé à écrire des hokku en dehors des séances d’écriture, afin de les polir pour un usage ultérieur. Bashō a été un des premiers à le faire même si, de son propre aveu, il préférait les réunions collectives. À l’aube du XXe siècle, le renga n’était plus beaucoup pratiqué au Japon, mais les poètes écrivaient toujours des « hokku » totalement indépendants de tout poème chaîné. Pour désigner ces poèmes isolés et éviter ainsi de les confondre avec les véritables hokku, premières strophes d’un rendu, le poète Shiki a créé le néologisme haïku.

Makoto Kemmoku & Dominique Chipot, Bashō, Seigneur ermite, La Table Ronde, Paris, 2012, p. 15. (Voir : Bashō)

Esthétique  du haïku

Rien de plus que la saisie éphémère d’un instant : prêt à être oublié, à jamais inoubliable. […] Car le haïku échappe à la finalité ordinaire de la littérature : il ne laisse pas de trace derrière lui. « Fourmi sans ombre », comme le note justement Seishi — et comme l’a tout de suite compris Roland Barthes : … « le haïku s’enroule sur lui-même, le sillage du signe qui semble avoir été tracé, s’efface : rien n’a été acquis, la pierre du mot a été jetée pour rien : ni vagues ni coulée de sens. (1) »
1 : Roland Barthes, l’Empire des signes, Skira, Genève, 1970.

Pourtant il importe de dire cette part insaisissable qui en toute chose est ce qui précisément bouleverse.

Nos haïkistes, on l’a vu, répugnent à s’enfermer dans la comparaison. Non que la métaphore leur déplaise, bien au  contraire, mais qu’ils refusent d’en faire une fin (Ce n’est pas pour rien qu’ils ignorent le mot « comme » au sens étroitement comparatif.) C’est que la métaphore perd à leurs yeux singulièrement de la force pour peu qu’elle soit directement énoncée : pour peu qu’on s’y arrête. Elle demande au contraire à être autant que possible déduite du discours — comme seront déduits de sa trouble formulation mille et un réseaux de ressemblance/dissemblance au fils desquels l’esprit est invité à s’égarer.

Maurice Coyaud, Fourmis sans ombre. Le Livre du haïku, Phébus, 1978, pp. 15-16, p. 255 (Cet ouvrage est l’une des principales sources de l’analyse du haïku par Roland Barthes.)

Le haikiste semble photographier, enregistrer (André Breton, dans le Premier Manifeste du surréalisme, n’appelait-il pas les poètes à être des « appareils enregistreurs » ?) un simple rien, mais dont l’éclat irradierait sans trêve. Il ne conçoit pas, il découvre. Il met la focale au point sur ce qui est là, maintenant, inépuisable dans l’éphémère — non pas une essence, mais une dynamique,une énergie. Loin d’être asservi par un quelconque point de vue, il cherche un point de vision — un nouvel angle.
Art de l’ellipse et du bref, le haiku se tient à l’évidence du côté de la « phrase vivante », mais il procède par retranchement, par soustraction — par dépouillement.

Au travail de contraction du poète […] fait écho la perception « expansionnelle » du lecteur, traversé tout à coup par un chatoiement polyphonique, une sorte de moment-haiku, où il retrouvera partie prenante.

Corinne Atlan et Zéno Bianu, Haïku. Anthologie du poème court japonais, Gallimard, 2002, pp. 9-11-12

[…] oubliant que le haiku a d’abord été un jeu et que jusqu’à aujourd’hui, il n’a jamais cessé de l’être, qu’il y a dans sa concision concrète une désinvolture manifeste à l’égard de tout discours et qu’une telle désinvolture rend le haiku irréductiblement réfractaire à la récupération par l’idéalisme philosophique, le spiritualisme poétique qui, précisément, ont fait en Occident le succès de ce genre littéraire. En Amérique, en Europe, le minimalisme moderne d’une esthétique de l’indicible, de l’ineffable, du fragmentaire se recommande du haiku en oubliant parfois que celui-ci est d’abord l’enfance de l’art s’exerçant contre toute littérature, toute philosophie, toute religion, pointant du doigt la merveilleuse et tendre évidence d’un monde qui se suffit indéfiniment à lui-même.

On lit d’ordinaire le haiku comme une sorte d’instantané poétique dont la brièveté se suffit à elle-même : un geste, un signe, une empreinte témoignant d’une vision par laquelle le réel se manifeste et où tout se condense et s’abolit ainsi. Et cela est juste sans doute. D’autant plus pour Shiki dont toute la pensée explicite vise à conférer aux dix-sept ou aux trentre-et-une syllabes du poème une dignité superbe et suffisante. Mais l’illumination solitaire que le haiku manifeste suppose encore toute la prose du monde du fond de laquelle il se détache et où il scintille enfin. C’est précisément pourquoi toutes les grandes œuvres de la littérature japonaise — quel que soit le genre Dans lequel on les range — participent du même balancement par lequel s’appellent et s’opposent la continuité du récit et la discontinuité du poème.

Le haiku n’est l’expression d’aucune sagesse, juste une incision très légère faite dans la trame du temps, la césure nette et infime par où se laisse apercevoir la vrille d’un vertige ouvrant sur nulle part, précipitant le passage du présent puis le suspendant sur la pointe insignifiante d’un seul instant.

Philippe Forest, Haikus, etc., Éditions Cécile Defaut, Nantes, 2008, p. 27; pp. 93-84; quatrième de couverture

Philippe Forest Haikus

Sites dédiés aux haïkus

Site de Dominique Chipot : http://www.dominiquechipot.fr

Bashō

Une très intéressante émission de France culture (19 juin 2005), série « Une vie, une oeuvre », consacrée au poète Bashō (1644-1694), avec Hervé Collet, Yves-Marie Allioux, Alain Kervern, Dominique Palmé, Daniel Struve.
Durée : 90 mn.

http://www.rvdv.net/haikus/wp-mp3/basho-france-culture-2005.mp3

Un livre : Makoto Kemmoku & Dominique Chipot, Bashō, Seigneur ermite, La Table Ronde, Paris, 2012

basho
« Cette intégrale des haïkus de Bashō vous fera découvrir le cheminement poétique du maître, depuis ses premiers haïkus, riches de références littéraires et de jeux de mot, jusqu’aux derniers, plus personnels et dépouillés. Réalisé à partir des plus récentes études (japonaises) de l’œuvre du Maître, ce livre présente les 975 haïkus de Bashō pour la première fois dans une édition bilingue. Il complète les remarquables travaux de René Sieffert, les sept livres canoniques du Shōmon (l’école de Bashō), lesquels regroupent des compilations de haïkus et des kasen, poèmes chaînés écrits par le maître entouré de ses disciples. »
Notice de l’auteur.

Exemple en vidéo

Télécharger la vidéo en cliquant sur le lien ci-dessous :
HaikuPictoSample
Exemple réalisé le 12 mars 2013

Le haïku d’après Roland Barthes

Roland Barthes n’est pas un « spécialiste » du haïku. Mais, dans l’Empire des signes, puis dans La Préparation du roman, il révèle la puissance théorique du haïku, rapportée à ses propres vues sur le signe et sur l’écriture. Pour le projet d’« haïkus visuels », surtout parce qu’il est non orthodoxe, on est fondé à s’appuyer sur ces analyses, qui s’enrichissent de leur inclusion dans l’œuvre globale de Barthes, qui se révèlent comme traducteurs théoriques d’une pratique étrangère mais largement adoptée, et parfois abusivement instrumentalisée.

Citations de Roland Barthes :

1.

Le haïku fait envie : combien de lecteurs occidentaux n’ont pas rêvé de se promener dans la vie, un carnet à la main, notant ici et là des « impressions », dont la brièveté garantirait la perfection, dont la simplicité attesterait la profondeur (en vertu d’un double mythe, l’un classique, qui  fait de la concision une preuve d’art, l’autre romantique, qui attribue une prime de vérité à l’improvisation). Tout en étant intelligible, le haïku ne veut rien dire. (p. 89)

La brièveté du haïku n’est pas formelle; le haïku n’est pas une pensée riche réduite à une forme brève, mais un événement bref qui trouve d’un coup sa forme juste. (p. 98)

Citations extraites de : Roland Barthes, l’Empire des signes, Skira, Genève, 1970. Rééditions : Flammarion, 1980; Le  Seuil, 2005.

Barthes Empire des signes

2.

Le haïku est le désir immédiat (sans médiation).  (p.65)

Le haïku est bref, mais non pas fini, fermé.  (p.67)

Le haïku va vers une individuation intense, sans compromission avec la généralité. (p.74)

Le haïku n’est pas destiné à retrouver le Temps (perdu), ensuite, après coup, par l’action souveraine de la mémoire involontaire, mais au contraire : trouver (et non retrouver) le Temps tout de suite, sur-le-champ; le Temps est sauvé tout de suite = concomitance de la note (de l’écriture) et de l’incitation : fruition immédiate du sensible et de l’écriture, l’un jouissant par l’autre grâce à la forme haïku » ⟶ Donc une écriture (une philosophie) de l’instant. (p.85)

Le ‘référent’ du haïku (ce qu’il décrit) est toujours du particulier. Aucun haïku ne prend en charge une généralité.  (p.87)

La contingence est le fondement du haïku.  (p.88)

Le haïku n’est pas fictionnel, il n’invente pas, il dispose en lui, par une chimie spécifique de la forme brève, la certitude que ça a eu lieu. (p.89)

Citations extraites de : Roland Barthes, La Préparation du roman I et II. Cours et séminaires au Collège de France (1978-1979 et 1979-1980), texte établi, annoté et présenté par Nathalie Léger, Paris, Seuil/Imec, 2003, 480 pages.

RB_preparation

 

Commentaires de Philippe Forest à propos du texte de Barthes La Préparation du roman et du haiku :

Une question domine largement la réflexion de Barthes. La genèse romanesque dépend pour lui largement du passage des formes brèves qui constituent le matériau premier de l’écrivain (notes, par exemple) au récit qui les intègre et les enveloppe. Poétiquement, le problème est celui de la conversion du bref au long, du discontinu au continu, de la note au roman.

On sait quelle place Barthes a fini par accorder au fragment dans son écriture […]. Dans cette constante stratégie d’évitement et de déprise visant à ce que le sens ne se fixe jamais, le fragment — parce qu’il fait éclater l’œuvre et l’oblige à se recomposer selon une logique non linéaire, arbitraire — constitue sans doute la pièce principale du dispositif.

Barthes est d’ailleurs tout à fait conscient de l’effet de torsion, de déformation qu’il impose au haiku. La séance du 6 janvier 1979 s’ouvre sur une réflexion intitulée : « ‘Mon’ haiku » et dans laquelle Barthes justifie et éclaire l’usage du pronom personnel : « ‘Mon’ ne renvoie pas, ou ne renvoie pas finalement, à un égotisme, un narcissisme […], mais à une Méthode : méthode d’exposition, méthode de parole. » C’est un « acte de nomination » qui s’effectue en toute connaissance de cause : « à tout ce que je vais dire, je donne le nom de haiku, avec cependant une certaine vraisemblance. »

Philippe Forest, « Haiku et épiphanie : avec Barthes du poème au roman », in Haikus, etc., Éditions Cécile Defaut, Nantes, 2008, p. 114-116

 

 

Exemples d’images

ParkingIMG_5226IMG_5227IMG_5228IMG_5229IMG_5230IMG_5087IMG_5088IMG_5089IMG_5090IMG_5091IMG_5092IMG_5093IMG_5100IMG_5101IMG_5102IMG_5104IMG_5103

L’application HaikuPicto

Dans la perspective de l’expérience de création automatisée de haïkus visuels pour écrans mobiles, une application pour iPhone, iPod ou iPad a été conçue et développée de janvier à mars 2013 par :
Jean-Louis Boissier
Hajime Takeuchi
Takehisa Mashimo

Voir le site dédié à cette application (en cours de construction) : http://www.haikupicto.net/

Protocole du haïku visuel pour écran mobile (2013)

Workshop organisé par EnsadLab/EMeRI et le laboratoire EdNM de Paris 8, 2013

Projet d’une application pour iPhone/iPod/iPad (à distribuer sur l’AppStore) qui permet de produire, en utilisant l’appareil lui-même pour les prises de vues comme pour le montage et la diffusion, un interactive visual haiku (le nom retenu est HaikuPicto).

En s’inspirant du haïku mais sans chercher à en restituer l’ensemble des principes propres — c’est impossible car le régime du texte est fondamentalement différent de celui de l’image —, on en conserve quelques éléments formels, du protocole et des contraintes.

Le haïku visuel est composé de :
– une séquence fixe du titre
– une séquence chronophotographique de 5 images
– une séquence chronophotographique de 7 images
– une séquence chronophotographique de 5 images

Les séquences se répètent à l’infini. Les séquences de 5 ou 7 images sont des chronophotographies qui ne sont pas nécessairement des boucles « lisses », mais qui peuvent éventuellement l’être.

On enchaîne ces 4 séquences par un geste de scroll avec le doigt sur l’écran, de droite à gauche.

Le titre est utile pour que le lecteur perçoive bien l’ordre des 3 séquences d’images.

Les images sont obligatoirement captées par le iPhone lui-même, traitées et assemblées dans l’application.

L’appareil est tenu à la main pendant la prise de vues, son déplacement éventuel contribue à l’animation de la séquence.

Il n’y a pas de son.

Principes formels

On cherche une unité de lieu et de moment.
Le haïku est une notation mais pas à proprement parler un récit : les séquences n’indiquent pas une logique chronologique ni des relations de cause à effet.
La première séquence de 5 images pointe une situation, des circonstances.
La deuxième séquence de 7 images complète et nuance cette situation.
La troisième séquence de 5 images décrit une sorte d’événement ou d’action dans le contexte décrit par les deux premières séquences.

Les images évoquent une saison et/ou une heure de la journée.

Il n’y a pas de limitations quant aux sujets photographiés : paysages, nature, objets, machines, personnes, etc.

Le sujet n’est pas nécessairement « poétique », « fade », « gentil » ou « joli ».

La réalisation (les prises de vues) se fait par une personne seule, sans aide et rapidement.

On peut envoyer et recevoir ces haïkus format iPhone ou iPod.
On vise à constituer de grandes collections de haïkus pour iPhone ou iPod disponibles en réseau.
On s’inscrit sur un site pour partager ces haïkus.

Le titre du haïku apparaît donc dans une liste de tous les haïkus que l’on a faits ou que l’on a reçus.

Orientations esthétiques

Le haïku est l’inscription d’un instant.
Le haïku refuse la métaphore.
Le haïku pratique la pure notation.
Le haïku se construit par la coexistence, la conjonction, sous le régime du et : il y a ça, et ça.
La photographie partage avec le haïku la capacité de se faire passer pour « la chose elle-même ».

Voir aussi les pages de références (Roland Barthes, etc.)