Paysages technologiques
Technological Landscapes
Les changements introduits par les usages des médias localisés n’influencent pas seulement les comportements individuels, mais changent en profondeur la perception, l’usage et l’aménagement des territoires.
Cet impact technologique n’est pas une particularité des transformations actuellement à l’œuvre, mais du train à l’avion, du téléphone aux réseaux numériques, toutes les technologies ont toujours eu une influence importante sur les territoires, produisant des contractions et des dislocations urbaines, des empilements, des nœuds, des connections et des saturations.
Cependant, avec l’apparition des médias mobiles et portatifs qui permettent la géolocalisation spatiale et parfois temporelle, les corps et les territoires s’articulent différemment et accèdent à un degré d’hybridation qui semble assez inédit. Les objets ont désormais tendance à glisser, voire à s’emboîter, dans les territoires. Les individus et les objets se connectent ainsi à l’espace urbain et au paysage. Capables d’augmenter la réalité et l’espace en y additionnant des informations, mais parfois aussi de la diminuer en retirant des données ou des pratiques importantes, ces technologies seront probablement à l’origine de mutations dont les effets sont aujourd’hui juste à leurs débuts.
The transformations initiated by the application of localized media not only influence our individual behavior, but also the perception, the usage and the construction of territories.
This technological impact is not particular to the transformations taking place at the moment. Every technology, from the train to the airplane, from the telephone to the digital network, has always had a major influence on the territories producing urban contractions and dislocations, accumulations, knots, connections and saturation points.
With the development of mobile and portative media allowing spatial and sometimes temporal geo-localisation, bodies and territories however connect differently with each other. They seem to attain an unfamiliar degree of hybridization as the technologies increasingly integrate into the territories. The individual and the object are therefore linked to the urban space and to the landscape. These technologies are capable of increasing reality and space by introducing information, but they can also decrease these structures by withdrawing data and important applications. Herewith, they are certainly provoking mutations whose effects we are only just beginning to see.
Pascal Amphoux, architecte et géographe, architect and geographer, Lausanne, « La médiation paysagère », (« The Mediation of Landscape »)
Thierry Davila, conservateur, curator, Musée d’art moderne et contemporain, Mamco, Genève, « Bodies-cities »
Esther Polak, artiste, artist, Amsterdam, « Use of GPS for rural landscape depiction »
Session préparée et modérée par, organized and moderated by :
Andrea Urlberger, maître de conférences à l’École nationale supérieure d’architecture de Toulouse, chercheuse, member of the research groups, Laboratoire d’informatique appliquée à l’architecture (Li2a) Esthétique des nouveaux médias (EdNM), Paris 8.
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Les intervenants, The participants
Présentation de la session par Andrea Urlberger
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Thierry Davila est conservateur, curator, Mamco de Genève. Il a notamment publié, His major publications are L’art médecine (en collaboration avec Maurice Fréchuret) (RMN) et Marcher, créer. Déplacements, flâneries, dérives dans l’art de la fin du XXe siècle (Ed. du Regard).
Thierry Davila, « Bodies-cities »
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Esther Polak, née en 1962, a étudié les arts graphiques et les nouveaux médias et s’intéresse à la façon dont la technologie influe sur la perception (visuel). Son projet AmsterdamREALTIME (2002) est une des premières explorations artistiques de la cartographie GPS en grande envergure. Le résultat de cette collaboration artistique entre Esther Polak, Jeroen Kee et la Waag Society (http://realtime.waag.org) est une cartographie alternative et hautement personnelle de la ville. En 2004/2005, elle a développé le MILKproject dans lequel elle suit un transport laitier européen allant du pis de la vache (lettonne) à la bouche du consommateur (hollandais). Toutes les personnes faisant parties de la chaîne portaient, pendant une journée, un dispositif GPS qui enregistrait leurs mouvements. MILKproject raconte l’histoire personnelle de ces différents Européens, du fermier letton au marchand hollandais avec ses clients. Le projet, réalisé en collaboration avec Leva Auzina et Rixc, Riga center of new media (http://milkproject.net), a reçu un Nica d’Or de l’Ars Electronica en 2005. En ce moment, Esther Polak travaille sur le projet GPS NomadicMILK en Afrique de l’Ouest. Pour ce projet, elle enregistrera et visualisera les traces de bergers nomades ainsi que de transporteurs laitiers habituels au Nigeria. NomadicMILK intégrera un outil de visualisation GPS récemment développé : un petit robot qui dessine des lignes de sable représentants les traces saisies directement sur le sol. Par ce moyen, les traces peuvent facilement être montrées aux participants nigériens et discutées avec eux tout du long du chemin (www.nomadicmilk.net). Ce potentiel du dessin de sable comme graffiti temporaire permettant la mise en évidence et la discussion d’informations dans l’espace public est devenu le point principal des derniers travaux d’Esther Polak. Ce processus a, en effet, été développé davantage dans le projet envisagé Spiral Sunrise.
Entretien avec Andrea Urlberger in Paysages technologiques
Esther Polak (1962) studied graphic art and mixed media and is interested in how technology determines (visual) perception. Her AmsterdamREALTIME project (2002) was one of the first large-scale art explorations in GPS (Global Positioning System) mapping. The project resulted in an alternative, highly personal map of the city. This was a joint project of artists Esther Polak, Jeroen Kee and the Waag Society (http://realtime.waag.org). In 2004-2005 she developed MILKproject. In this project a European dairy transportation was followed from the udder of the (Latvian) cow, to the mouth of the (Dutch) consumer. All people who played a role in this chain received, for a day, a GPS-device that registered their movements. MILKproject tells the personal life-stories of these very different Europeans, from the Latvian farmer to the Dutch open-air market salesman with his clients. The project was awarded with a Golden Nica at Ars Electronica in 2005 It was developed in collaboration with Leva Auzina and Rixc, Riga center of new media culture (http://milkproject.net).
At this moment Polak works on a GPS-project: NomadicMILK in West Africa. For this project the tracks of both nomadic herdsman and regular dairy transports in Nigeria will be recorded and visualized. The project will make use of a newly developed GPS-visualization tool : a small robot will draw the tracks directly on the ground in lines of sand. This way the tracks can easily been shown to the Nigerian participants and discussed with them along the road (www.nomadicmilk.net). During this process, the potential of sand drawing as temporary graffiti to show and discuss data in public space has become an important focus point for the latest works of Esther Polak and was developed further in the proposed project Spiral Sunrise.
Esther Polak, « Use of GPS for rural landscape depiction »
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Pascal Amphoux est architecte, géographe, professeur, architect, geographer, and professor, à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes. Il exerce une activité indépendante de praticien et de consultant sur de nombreux projets architecturaux, urbains et/ou environnementaux, he works independently as a consultant in the field of architectural, urban and environmental projects (Bureau Contrepoint, Projets urbains, Lausanne). Il est chercheur, researcher, au Centre de Recherches sur l’Espace Sonore et l’Environnement Urbain (CRESSON, École d’architecture de Grenoble, UMR CNRS), membre du conseil scientifique Europan Europe, expert auprès de diverses institutions suisses, françaises ou européennes. Distinction : Médaille d’argent de l’Académie d’Architecture, Paris, 2006. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et publications scientifiques portant notamment sur les rapports entre la pratique du projet, l’esthétique paysagère et les méthodes des sciences sociales.
He has published numerous scientific books and articles dealing with the relationship between practical experience, landscape esthetics and the methods of social science.
Pascal Amphoux, « La médiation paysagère »
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Questions aux intervenants
Question à Esther Polak
Questions croisées d’Andrea à Thierry Davila (hors champ) et Pascal Amphoux