Cinéma imprimerie





Titreuse Paillard Bolex








Jean-Luc Godard, Sauve qui peut, la vie

NOTES DE JLB EcM 2016

29. L’École buissonnière, film de Jean-Paul Le Chanois, 1949, fait l’éloge de la pédagogie selon Célestin Freinet. Il y a la presse, l’imprimerie, le journal, mais aussi la caméra et le projecteur, le cinéma, le film.

J’ai appris à écrire, ou plutôt à imprimer, avant de savoir lire, auprès de mes parents, selon « L’Imprimerie à l’école ». Concrètement, avec dans les doigts les caractères en plomb de la presse CEL, Coopérative de l’enseignement laïque, vendue aux instituteurs adeptes de Célestin Freinet. À l’école de l’imprimerie, j’ai goûté à la liberté de penser que donnent les supports, les appareils, les machines. 

30. Dans le scénario en forme de vidéo de Sauve qui peut (la vie), « Quelques remarques sur la réalisation et la production du film », 1979, Godard parle, de façon apparemment improvisée, de la façon de construire le film. Des mots s’affichent à l’écran : « Sur impressions ». Et il en vient à dire : « Pour faire des enchaînés, celui-là ou celui-là, ce n’est pas cette surimpression qu’il faut mais je peux en partir à un moment, partir non pas d’une image mais d’un enchaînement comme image, d’une image d’enchaînement, d’un moment […]. Ça, c’est tous les modèles d’enchaînés qu’il y a par exemple à la télévision et on voit qu’en fait il est question du temps qui passe. On fait des surimpressions pour exprimer le temps et je pense qu’il faudrait plutôt l’imprimer. Le temps ne s’exprime pas, il peut s’imprimer. » Dans le film, il y a un « personnage secondaire » ayant « repris l’affaire de son père », une imprimerie. Sur les gestes d’un typographe disposant des caractères dans un composteur, le film avance avec des arrêts sur image et le son, citant le livre L’Établi, de Robert Linhart, dit : « Tout ce par quoi, dans ce dérisoire carré de résistance contre l’éternité vide qu’est le poste de travail, il y a encore des événements, même minuscules. Il y a encore un temps, même monstrueusement étiré. Cette maladresse, ce déplacement superflu, cette accélération soudaine, cette main qui s’y reprend à deux fois, cette grimace, ce “décrochage”, c’est la vie qui s’accroche. Tout ce qui, en chacun des hommes de la chaîne, hurle silencieusement : “Je ne suis pas une machine !” »

Jeunes filles élèves du CET de Vaux-le-Pénil, février 1972. Liliane Terrier, Jean-Louis Boissier, cours « Mouvement de la jeunesse », Vincennes

Lien Vimeo : https://vimeo.com/150012664